Un nom-surprise et un adjoint encore plus surprenant, cette formule va-t-elle réussir ou bien la donne est beaucoup plus complexe ? Il s’avère que l’équipe nationale couve un dossier beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense.
Et Wadi Al Jarry a finalement retenu le plan B, celui de Mondher Kebaïer ! La course effrénée entre Jaïdi et Maâloul n’était, vers la fin, qu’une perte de temps pour tout le monde. Jaïdi, le premier choix et la première cible, a préféré dire non d’une façon diplomatique (il n’a pas voulu prendre le risque d’être grillé dans les conditions actuelles de la sélection), alors que Nabil Maâloul a payé cher son «obstination» pour avoir trop insisté sur le nom de Nader Daoued. L’ex-sélectionneur national, après le refus de Jaïdi, était si proche d’une place à la tête de l’équipe de Tunisie. Mais finalement, l’affaire est tombée dans l’eau. Mondher Kebaïer? Un nom qui a débarqué comme par enchantement. Sans préavis, ni coulisses. Il était destiné à faire le sélectionneur adjoint, mais voilà qu’il se retrouve premier responsable. Ceux qui suivent la sélection, les observateurs sont tiraillés. Certains disent qu’il n’a pas l’étoffe d’un sélectionneur national (d’autant qu’il n’a pas exercé en équipe A), d’autres voient que les moyens disponibles et la confiance accordée suffisent vu que Kebaïer a un bon bagage académique et un profil de formateur et de connaisseur en football (un grand savoir qui lui a permis de faire le directeur technique). Mais franchement, gérer une sélection avec toutes ses stars, ses joueurs d’influence, ses coulisses chaudes, ses interférences, est-il simplement une affaire de connaisseurs en théorie ou de consultants orateurs (comme le cas du sélectionneur adjoint qui n’a pas réussi dans sa carrière d’entraîneur bien qu’il soit grand joueur!)? On pense que le choix de Kebaïer est un choix précipité pris dans l’urgence et qui obéit à deux critères : la loyauté (Kebaïer et son adjoint ne vont pas contester l’autorité de W. Al Jary) et puis la capacité de communication auprès des médias. Al Jary ne veut plus du scénario de Giresse qui a multiplié les sorties jugées déplacées. Encore une fois, est-ce suffisant pour changer la sélection, pour amener ces bons (mais pas exceptionnels) joueurs à se donner plus ? Est-ce suffisant pour plus d’équité dans les vestiaires ? L’équipe de Tunisie est une entité qui a l’abondance des moyens, qui a un intérêt fulminant et qui a des «histoires» originales que seuls les proches de l’équipe connaissent. Kebaïer et son adjoint sont-ils la bonne paire ? Tôt de les condamner ou de les féliciter. La réalité nous dira beaucoup de choses.
Une nouvelle approche
Il ne faut pas tomber dans l’impitoyable discours du chauvinisme. Ce n’est pas parce que Kebaïer est Tunisien qu’on doit applaudir et dire que c’est la solution idéale. Kebaïer, comme tous les entraîneurs tunisiens, a cette manie de changer et de faire le vide autour de lui. Il suffit qu’il avance dans sa carrière pour qu’il change et devienne quelqu’un d’autre. Tous les entraîneurs tunisiens ont le défaut de tomber dans une sorte de «prétention» et de «calculs» pour devenir susceptibles à la moindre critique. Kebaïer doit «apprendre» à mettre de côté le personnel et à traiter tout le monde de la même manière. Il sera sollicité par tout le monde, il va être critiqué non seulement par les médias, mais par les réseaux sociaux (la Toile est aujourd’hui un média influent en sport). Qu’il change lui et tous les entraîneurs tunisiens et là on parle de l’attitude. Il aura beaucoup de pression, il aura des joueurs VIP, il aura des médias de tous genres et à la qualité variable. Notre ami Mondher Kebaïer, tel qu’on le connaissait à ses débuts, était humble et à la page. Un vrai connaisseur mais malchanceux à l’image de ce titre raté à l’ESS en 2011. Par la suite, il est resté dans sa sphère, il a «attrapé» les tares des autres entraîneurs tunisiens pour devenir inaccessible et méfiant de tout et de tous.
Il a, maintenant, la chance de sa vie pour prouver ses qualités. Mais avant cela, aura-t-il le cœur et le mental pour changer le mode de fonctionnement de l’équipe de Tunisie? On a peur que ce soit un simple changement de décor alors que les fondations et la structure, si contestable et personnifiée, sont toujours les mêmes. Notre ami Mondher Kebaïer n’aura pas beaucoup d’amis dans sa campagne. Qu’il se méfie surtout de ceux qui sont très proches de lui !